La Suisse est partie prenante à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale depuis 1994. Elle a ratifié la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales en 1974. Différentes dispositions légales visent à protéger contre la discrimination: la Constitution fédérale interdit ainsi toute discrimination fondée sur l’origine, la race, le sexe, l’âge, la position sociale, le mode de vie, les considérations philosophiques ou convictions politiques ou en raison d’un handicap physique, mental ou psychique.

Les Vert-e-s Jura, comme les Vert-e-s suisses, défendent une politique d’asile qui ne classe pas les personnes selon leur provenance, ne les marginalise pas et ne les pousse pas dans l’illégalité. Nous reconnaissons les bienfaits d’une société multiculturelle, qui place les droits humains au premier plan.

Sur la base de ce qui précède, notre parti s’interroge sur les propos du nouveau conseiller national UDC jurassien Thomas Stettler, émis dans l’émission Infrarouge de la RTS du 25 octobre 2023, qui y a affirmé que son parti n’était pas raciste mais « xénophobe peut-être », car, pour lui, xénophobe veut dire « que l’on a peur de l’étranger » et que pour lui ce n’est pas un « défaut politique, mais une phobie ». Dans son « droit de réponse » dans le Quotidien jurassien du 2 novembre 2023, il réitère « assumer ses propos », en les banalisant sur la base de l’étymologie grecque du mot, formée de « xéno » pour étranger et « phobie » pour peur. Dans ce même droit de réponse, M. Stettler enfonce ensuite le clou en prenant en exemple la phobie de son épouse, qui a « peur des chiens ».

Contrairement à l’UDC, les Vert-e-s n’ont pas pour habitude d’instrumentaliser les propos ou les actes, sortis de leur contexte, de leurs opposant-e-s politiques. Dans le cas présent, nous ne pouvons cependant pas croire à une simple « maladresse » de la part de M. Stettler, notamment suite au tout-ménage envoyé aux Jurassiennes et Jurassiens lors de la campagne pour les Fédérales, clairement hostile aux étranger-ère-s, et aux récents communiqués et publications sur les réseaux sociaux de l’UDC et de l’UDC Jura, ciblant sans distinction les actions de Madame la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider (communiqué ayant pour titre « Chaos de l’asile : la conseillère fédérale socialiste Elisabeth Baume-Schneider est un risque pour la sécurité de la population suisse») et autres récents brigandages et atteintes à l’intégrité sexuelle dans le canton du Jura, attribués sans distinction à des requérant-e-s d’asile, cela sur fond d’initiative « Pas de suisse à 10 millions ».

Ces amalgames, jouant précisément sur la peur de la population par rapport « à l’étranger » – ce dont se revendique M. Stettler – sont dangereux pour la cohésion sociale et politique de notre pays et de notre canton.
Dans le même article du Quotidien jurassien, on comprend que « l’UDC suisse n’a guère goûté la sortie médiatique de son nouvel élu, qui rappelle qu’il a parlé en son nom propre, pas au nom de son parti ». Au demeurant, nous nous questionnons de la réelle différence entre les propos de Thomas Stettler et la propagande de son parti d’extrême droite éditée lors des élections et des votations fédérales.

Alors : qu’attendent l’UDC suisse et l’UDC Jura pour condamner les propos de leur élu ? De même, quelle est la position à ce sujet du PLR Jura, qui a participé à envoyer à Berne l’auteur de ces propos ?

  • Les Vert-e-s Jura – Le 2 novembre 2023
Les amalgames jouant sur la peur de la population par rapport « à l’étranger » sont dangereux pour la cohésion sociale et politique de notre pays et de notre canton.
Céline Robert-Charrue, Co-présidente des Vert-e-s Jura