Agriculture et biodiversité
La décision du Conseil fédéral, prise mi-avril, de consacrer 3.5% des terres arables à la biodiversité fait bondir une partie des paysans, criant au paradoxe entre vouloir améliorer notre auto-approvisionnement et « perdre » des surfaces cultivables.
Cette décision qui vient d’ailleurs d’être repoussée d’une année suite à la situation en Ukraine. On pourrait effectivement s’étonner de mettre une partie des meilleures terres cultivables à disposition de la biodiversité. Pourtant, cette réaction d’une partie des milieux agricoles est à notre avis exagérée pour deux raisons :
- La biodiversité a tout simplement besoin de plus de place pour être maintenue. Il ne suffit pas de planter une haie ou de construire un tas de branches ou de cailloux dans les zones difficiles à cultiver et continuer à pratiquer une agriculture intensive sur des hectares dans les plaines arables. Pour que les insectes, les oiseaux, les petits rongeurs et tout l’écosystème des champs puissent survivre, ils doivent pouvoir regagner du terrain et trouver nourriture, refuges et possibilité de se reproduire sur le territoire agricole.
- L’auto-approvisionnement est un objectif important qui doit continuer à être poursuivi, mais il n’implique pas forcément une pratique plus intensive de l’agriculture. Si nous réduisions un peu nos exportations de fromage, si nous diminuions un peu notre consommation de viande et de protéines animales, si nous produisions plus de légumes et de légumineuses en Suisse et si nous jetions moins de nourriture, notre taux d’auto-approvisionnement en serait fortement amélioré.
Nous saluons cette décision du Conseil fédéral, qui a entendu la volonté d’une grande partie de la population qui souhaite une meilleure protection de la biodiversité. Nous espérons que nos autorités auront le courage de poursuivre dans cette voie malgré les pressions.
Pour Les Vert-e-s jura
- Pauline Godat, Co-présidente- le 27 juin 2022