Communiqué interpartis sur l’initiative « antiburqa »
Non à une initiative inutile qui masque les vrais problèmes.
Le 7 mars prochain, le peuple se prononcera sur l’initiative de l’UDC « Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage ». Les Vert.es Jura et jeunes vert.es Jura, le Parti socialiste jurassien et la jeunesse socialiste jurassienne, le CSPOP, ainsi que des personnalités issues d’autres partis s’opposent à cette initiative qui dicte aux femmes leur apparence. Il faut d’une part relever que la question qui est adressée au peuple porte sur un non-problème et d’autre part que les initiant.e.s parlent au nom des femmes qu’elles.ils qualifient arbitrairement « d’opprimées ».
Un faux problème
En cette période, la pandémie nous met à rude épreuve, mais c’est bien sur un bout de tissu qui dissimule le visage et/ou le corps, que ce soit celui des femmes musulmanes ou des militant.e.s du défilé du 1er mai, que l’attention sera portée le 7 mars prochain. Les trois années de lutte de l’UDC à ce sujet nous laissent penser que les chiffres à ce propos devraient être préoccupants, voire alarmants. Il n’en est rien. Il suffit de se pencher sur cette thématique qui semble représenter une réelle menace pour ses initiant.e.s pour voir qu’en réalité, il s’agit d’un problème tout simplement inexistant. La réponse du Conseil fédéral à une interpellation de 2010 relève « qu’il est possible d’évaluer le nombre de femmes qui portent le voile intégral en Suisse entre 95 et 130. Toutefois, le nombre effectif devrait être nettement inférieur puisqu’en Suisse, plus de 75% des musulmanes sont originaires de pays dans lesquels le port du voile intégral n’est que peu répandu, voire totalement inusité ». Pour un total de 8,5 millions d’habitant.e.s, les femmes portant la burqa représentent donc le 0.0013% de la population Suisse : préoccupant, n’est-ce pas ?
L’utilisation du féminisme à mauvais escient
Il est bon de relever que les initiant.e.s n’ont jamais été les défenseurs.euses de la cause féministe et que l’argument est donc utilisé uniquement à des fins marketing.
Alors que tous les partis s’étaient mobilisés au niveau national lors de la grève des femmes de 2019, l’UDC manquait à l’appel. En outre, le parti agrarien n’a jamais été l’instigateur d’avancées pour les femmes (droit de vote des femmes ou congé maternité notamment). Enfin, ce qui interpelle profondément est probablement que les initiant.e.s donnent leur point de vue sur la question du port de la burqa, mais ne sont jamais réellement allé.e.s à la rencontre des intéressées pour recueillir leur opinion. Peut-on donc réellement qualifier un problème en tant que tel, sans être allé le vérifier à la source ?
Interdire la burqa ne constitue aucunement une émancipation certaine « des femmes opprimées ». En effet, cette interdiction les forcerait à rester chez elle. Un effet pervers donc, qui punirait les femmes au lieu de leur apporter une aide ou une soi-disant délivrance.
Un contre-projet efficace
A noter qu’en cas de refus, c’est le contre-projet du Conseil fédéral qui sera adopté. Ce dernier prévoit que toute personne est obligée de montrer son visage aux autorités lorsque c’est nécessaire pour son identification. Cela vaut par exemple dans un service administratif ou dans les transports publics. Ainsi, une personne qui refuserait de montrer son visage serait punie d’une amende. Le contre-projet comble ainsi une lacune du droit fédéral et améliore de manière ciblée la sécurité. Le texte permet également d’inclure des dispositions en faveur de l’égalité entre les sexes et de l’intégration, pour les femmes, les enfants et les jeunes étrangers notamment.
Communiqué interpartis jurassiens, Delémont le 22.02.2021
- Leïla Hanini, pour le Parti socialiste jurassien
- Céline Robert-Charrue Linder, pour les Vert.es Jura
- Jeanne Beuret, pour le CS-POP
- Valentine Barthoulot, pour la Jeunesse socialiste jurassienne
- Colin Linder, pour les Jeunes Vert.es jurassien.ne.s
- Alain Beuret, député vert’libéral
- Suzanne Maître, députée-suppléante PCSI
- Danièle Chariatte, ancienne députée PDC
- Anne Sulliger, membre du comité directeur du PLR